Commémoration 2025
« Temps des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions »
Chaque année, le « Temps des mémoires » est ‘occasion pour la Nation de se souvenir de la place qu’occupe l’esclavage colonial dans notre mémoire nationale. Cette période rassemble l’ensemble des dates que, par la volonté du législateur, la République a dédiées à cette page de notre histoire nationale.
Le 10 mai, la journée nationale des mémoires de la traite, de I’esclavage et de leurs abolitions est ainsi l’occasion de rappeler que, par ie vote de la loi du 21 mai 2001, la République Française a reconnu que « la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».
Cette journée nationale est aussi l’occasion de rappeler le rôle que les combats pour son abolition ont joué dans la construction de nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Elle nous invite à saluer l’engagement de celles et ceux qui, sous la Révolution, se sont engagés contre l’esclavage, I’Abbé GREGOIRE ou Olympe de GOUGES en métropole, Toussaint Louverture ou Marthe-Rose TOTO dans les colonies de l’époque, ainsi que des grandes voix de l’abolition qui, après le rétablissement de l’esclavage par Napoléon BONAPARTE, ont ensuite mené le combat pour l’abolition définitive jusqu’au décret du 27 avril 1848, depuis le Martiniquais Cyrille BISSETTE jusqu’à Victor SCHOELCHER.
Le 23 mai, la journée nationale en mémoire des victimes de l’esclavage est l’occasion de rendre hommage aux quatre millions de personnes qui, pendant plus de deux siècles, ont été victimes de ce crime contre l’humanité dans l’espace colonial français. Hommes, femmes, enfants capturés en Afrique pour être déportés et réduits en esclavage dans les colonies ou nés sur place sous l’empiré du Code Noir, elles et ils ont contribué par leur travail à la prospérité de la France, et n’ont cessé de se battre pour préserver par fous les moyens leur humanité bafouée.
Cette année, le « Temps des mémoires » est ‘occasion de nous souvenir plus particulièrement de la résistance des femmes au temps de l’esclavage. Malgré l’exploitation inhumaine et les violences physiques, sexuelles et psychologiques dont elles faisaient l’objet, les femmes esclaves ont résisté de multiples manières à leur condition, Elles l’ont fait dans la servitude en transmettant les savoirs qu’elles avaient appris, en sabotant la production, en faisant la « grève des ventres ». Elles l’ont fait dans le marronnage, donnant naissance à des figures de femmes fortes et libres dont la mémoire populaire a conservé les noms : Héva à La Réunion ou Claire en Guyane. Elles l’ont fait en rejoignant les révoltes et les insurrections, combattantes de la liberté générale comme Sanite BELAIR à Saint-Domingue / Haïti ou Marthe-Rose TOTO en Guadeloupe. Elles l’ont fait en solidarité lorsque, comme Germaine de STAEL, elles ont soutenu le combat abolitionniste en métropole.
Après 1848, elles l’ont fait en prolongeant les combats de l’abolition par ceux, jamais achevés, pour la liberté réelle, pour l’égalité réelle, et pour une fratemité réellement universelle qui rassemblerait tous les particuliers sans les nier, pionnières de la négritude comme les sœurs NARDAL ou Suzanne ROUSSI-CESAIRE. Elles l’ont fait enfin par les arts et la littérature, à l’image de l’écrivaine Maryse CONDE disparue il y a un an, qui fut la première présidente du comité pour la mémoire de l’esclavage et à laquelle le Président de la République a rendu l’hommage de la Nation le 15 avril 2024.
Elles continuent de le faire aujourd’hui, et leur combat est celui de la République comme de l’humanité entière, lorsqu’elles luttent pour les droits des femmes exploitées sexuellement, mariées de force ou soumises au travail forcé, lorsqu’elles se battent contre le racisme et les discriminations, lorsqu’elles revendiquent la libre disposition de leur corps en France comme partout dans le monde.